Les pyramides de la vallée des Rois
Parmi les constructions les plus abouties, les plus efficientes et les plus résistantes jamais bâties, les pyramides égyptiennes sont un modèle d’architecture durable, mais pas seulement...
En effet, dans ce cas précis, l’architecture évoluée de cette époque était au service des pharaons, considérés comme des demi-dieux, et les pyramides furent édifiées pour être leurs tombeaux.
Du simple Mastaba (un imposant monument rectangulaire plat) jusqu’aux édifices monumentaux de plus de 150 mètres de haut qui ont traversé les millénaires, tout était conçu, dans les moindres détails, pour remplir trois objectifs : impressionner, assurer la protection de la dépouille du souverain, et faciliter son passage vers l’au-delà…
Quel au-delà ?
Le ciel, plus précisément vers l’étoile Polaire, la seule qui ne disparait jamais derrière l’horizon, qui est toujours visible quand on regarde le nord, et qui symbolise la direction que doit prendre l’âme de pharaon pour rejoindre le soleil pendant son voyage nocturne, dans l’autre monde…
Du moins est-ce ainsi que les égyptologues ont interprété, en déchiffrant les plus anciens textes religieux connus, ceux qui furent trouvés sous forme de hiéroglyphes dans la chambre funéraire du pharaon Pépi 1er, au bas de la vallée des Rois, à la nécropole de Saqqarah…
Ce fascinant recueil de hiéroglyphes est gravé sur tous les murs de la chambre funéraire, à côté du sarcophage du susnommé, comme un mode d’emploi pour rejoindre l’au-delà.
Voilà donc un exemple du bien bâtir dont nous pourrions nous inspirer aujourd’hui, voici pourquoi :
- La fonctionnalité
Le tombeau devait accueillir la dépouille du pharaon et faciliter son passage vers l’au-delà. Tout dans cette architecture est pensé pour cela, jusqu’à l’alignement des pyramides avec le ciel, vers le chemin supposé de la destination finale de l’âme du souverain.
- Le prestige et l’esthétisme
La forme, simple et rigoureuse, imposante, qui pointe directement vers le ciel, et le volume, absolument gigantesque pour l’époque, étaient conçue pour conforter le pouvoir du Pharaon et de sa dynastie : seul un demi-dieu pouvait faire construire une tombe si grande pour lui seul…
Au coeur de la pyramide, le sarcophage.
- La sécurité
Tout était mis en œuvre, avec les moyens de l’époque, pour protéger la chambre funéraire du pharaon, et les nombreux trésors qui étaient censés le suivre dans son ultime voyage.
Depuis les triples Herses de granit protégeant l’entrée de la chambre, en passant par des blocs de plusieurs tonnes, en granit aussi, mais mobiles qui, libérés par des cordages après l’inhumation du souverain, glissait jusqu’à l’entrée de l’unique galerie située en contrebas pour l’obstruer définitivement…
Sans oublier les millions de tonnes de l’édifice hermétique construit au-dessus !
Enfin, la déception était aussi parfois pratiquée, avec des chambres leurres laissées vides, pour décourager ceux qui y seraient parvenus après avoir creusé un long tunnel pendant des mois…
- La technique
Les techniques architecturales et l’ingénierie qui, sans aucune machine moderne, ont permis la réalisation, avec autant de précision et de solidité, de monuments funéraires composés de plusieurs centaines de milliers de blocs de 2,5 tonnes laissent pantois…
En clair, elles ne sont pas toutes connues, même si des travaux archéologiques très documentés concluent qu’un remblai de construction en terre était élevé autour des pyramides ; ensuite, on y amenait les blocs de pierre par traineaux, qui glissaient sur des rondins huilés en étant tirés, à bras d’homme, qui s’aidaient de palans et de multiples cordages.
À la fin de la construction, le remblai était ensuite dispersé et ne demeurait que la pyramide, qui semblait avoir poussé là comme par magie !
- L’adaptation au milieu et le choix des matériaux
Les matériaux utilisés sont ceux qui étaient disponibles en Égypte, car on n’hésitait pas à importer, via le Nil, ce qui n’était pas produit sur place : la pierre commune en calcaire, le granit, la syénite (roche magmatique relativement rare) et bien sûr, le bois, pour les étais et les échafaudages.
De l’albâtre fut également utilisé pour les sculptures et certains éléments intérieurs.
Découverte récente, l’extérieur était recouvert de fines plaques de plâtres blanc poli sur toutes les surfaces. Cette couleur pure, particulièrement spectaculaire sur un monument de cette taille, masquait le calcaire ocre des blocs de constructions, les seuls qui ont résisté aux millénaires, ce qui explique la couleur actuelle des pyramides qui, originalement, étaient donc blanches !
Pour les Égyptiens de cette époque, la blancheur était celle de la pureté rituelle des cultes, du linceul, et des bandelettes qui entourait le corps des pharaons. Et cette immense structure blanche était posée sur des fondations composées de blocs de granit teintés de rouge, ce qui accentuait la beauté du tout par le contraste des couleurs.
- La durabilité : le tombeau du pharaon était bâti pour l’éternité, rien que cela !
Force est de constater que près de 4.500 ans après, le pari des architectes est presque gagné !
Il n’est qu’à regarder la momie de Toutankhamon, parvenue, avec sa chambre funéraire et ses trésors, presque intacte jusqu’à nous, pour mesurer l’efficacité de ceux qui construisaient ces fantastiques tombeaux avec une forte croyance, de l’expérience, des moyens illimités à l’échelle d’un royaume et… beaucoup de bras !
Quel bâtiment moderne pourra en dire autant ?
À l’instar des cathédrales, qui furent érigées bien après, les pyramides sont un symbole de puissance visible de tous… Et à ce titre, même affaissées et quelque peu décrépites, elles remplissent encore parfaitement cette fonction !