Production électrique en Suisse

Rappelons que cet article traite de la production électrique seule, et pas des besoins énergétiques totaux de notre pays, même si, à terme, ces deux courbes pourraient se confondre si le projet d’une société « tout électrique » venait à se concrétiser.     

Parlons chiffres, mais pas que !

En Suisse, et selon l’office fédéral de l’énergie (OFEN) en 2021, la part de l’électricité produite par les énergies renouvelables atteint 80 %, soit 4/5 du tout !  

Cette énergie est avant tout d’origine hydroélectrique (70 % pour les barrages à eux seuls) et seulement 10 % pour tout le reste, à savoir les énergies solaires, éoliennes et, enfin, celles qui sont issues de la biomasse.

Les 20 % manquant sont issus du nucléaire et des énergies fossiles.

Pas mal, non ?

Mais il y a mieux !

Si l’on compare avec les valeurs de 2016, toujours selon les sources OFEN, cette part n’était que de 62 %, dont 56 % provenaient des grands barrages.

Ce qui signifie qu’en 5 ans, la part des énergies renouvelables dans la production de l’électricité a bondi de 18 %, et encore ne s’agit-il que des données 2020, la situation actuelle accentuant encore la courbe ascendante de la production locale d’énergies renouvelables.

Et dans le détail ?   

L’Hydroélectricité, la part du lion :

Depuis les années cinquante, à cause de sa géographie particulière, la Suisse, riche en montagnes, investit massivement dans l’hydroélectricité, et plus particulièrement les grands barrages alpins.

Au nombre de 220, cette densité de barrages, la plus élevée du monde, permet d’alimenter 682 centrales électriques qui fournissent, comme nous l’avons vu plus haut, la plus grande part de l’électricité consommée en Suisse actuellement.  

Et une marge de progression existe encore, avec quelques nouveaux projets de grand barrage (Gorner à Zermatt, et de rehaussements de ceux existants (Spitalamm, au Grimsel, notamment) pour n’en citer que deux, car ils seraient plus d’une douzaine.

Sans oublier que le dérèglement climatique, ici le réchauffement, provoque le retrait avéré (voire la disparition) de certains glaciers, ce qui pourrait libérer de vastes espaces particulièrement propices à l’édification de grands barrages.

Situées en altitude, peu fréquentées, ce qui devraient réduire quelque peu les inévitables oppositions, ces zones pourraient bénéficier de la fonte annuelle des neiges pour remplir des lacs artificiels en circuit quasi fermé, selon un principe de pompage / turbinage analogue à celui utilisé dans la dernière centrale du Nant De Drance.  

Le photovoltaïque : en forte progression avec 5%

Seulement ?

En 2021, selon Swissolar.ch, l’énergie solaire produite en Suisse contribuait à 5 % de la production totale d’électricité en Suisse … Mais cette modeste part cache un départ tardif qui monte rapidement en puissance, car ce chiffre est doublé par rapport à celui de 2019 !

Et c’est peut-être là que le potentiel est le plus important, le plus disponible, aussi, car rien (autre que le coût, en baisse fort heureusement ! ) ne s’opposerait à la pose de panneaux solaires sur la majorité des toits du pays, par exemple.

L’éolien 0.5 % au maximum… (selon les vents !)

En 2022, la Suisse comptait 12 parcs éoliens qui abritaient 41 éoliennes pour une production de 153 GWh, selon Helvetia Energy ; autant dire pas grand-chose, même si elles ont le mérite d’exister.

Même si le plan de stratégie énergétique du conseil fédéral prévoit de couvrir 5 % des besoins totaux d’ici à 2050 (environ 760 éoliennes) ce n’est pas là que se trouve la marge d’évolution qui changera la donne, du moins pas dans les grandes éoliennes : trop imposantes, trop bruyantes, trop visibles, ce qui se traduit par trop d’oppositions dans un petit pays conservateur comme le nôtre.

Mais l’éolien n’a peut-être pas dit son dernier mot, car de petites turbines 3D, novatrices et silencieuses, effectuent leurs premiers tours de pales, à l’image de celles de la société 3DWind à Berne.

Ce type d’éoliennes, très peu répandu, pourrait devenir, à peu de frais, le complément idéal des panneaux solaires pour les particuliers et les écoquartiers, et faire avancer, grâce au nombre, la part de l’éolien en Suisse.

Et le reste ? 4,5 %

Dans ce chiffre, peut-être sous-estimé, l’on compte la petite hydraulique et la biomasse. Une marge de progression encore indéfinie, mais quand même existante.

Pourtant, avec ces chiffres, deux évidences apparaissent immédiatement :  
Pour couvrir l’ensemble des besoins actuels d’électricité d’un pays comme la Suisse, environ 62,5 TWh (62,5 milliards de KWh, chiffres BFE) actuellement, c’est le grand hydroélectrique et la décentralisation solaire qui ont la plus forte marge de progression.

Et quel est le potentiel technique total des énergies renouvelables que pourrait engendrer la Suisse dans l’absolu ?
200 TWh, selon le bureau fédéral des énergies (BFE) !

Soit plus du triple de ce que nous utilisons aujourd’hui…

Bien sûr, il ne s’agit là que de données brutes qui ne tiennent pas compte de l’aspect social ni économique, mais c’est quand même rassurant…

Selon le scénario de politique énergétique (SPE) imaginé par l’administration fédérale, d’ici 2050, la production suisse des énergies renouvelables pourrait s’élever à environ 80 TW/h…

Un scénario qui prend en compte, notamment, l’électrification du parc automobile, l’arrêt progressif des centrales nucléaires, et l’efficience de plus en plus grande de nos appareils électriques, qui s’améliorent constamment.   

Dans ce scénario, plus qu’intéressant, en 2050, la production des énergies renouvelables couvrirait plus de 95 % des besoins en électricité de la Suisse, et 60 % de ses besoins en énergie totale (pétrole et gaz compris).

25 ans et des poussières pour y arriver…

Nous, à Ambisagrus, on a envie d’y croire : et vous ?